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jeudi 23 juillet 2015

Real Hero

Il y a eu ce jour où tu as cessé de me regarder.
Lui s'était déjà lassé depuis un moment.
Ce qui est injuste dans tout cela, c'est que je m'en suis rendue compte peu de temps avant que tu fermes tes jolis petits yeux bleus.

C'est drôle la vie, se dire qu'on est pas foutue de fabriquer une fille, bonne qu'à faire des mecs, et qu'au même moment, la vie se charge de faire le vide dans les hommes qui vous entourent.
Triste paradoxe, à qui plaire aujourd'hui? Question subsidiaire, joker, je passe...
J'ai surtout compris que ce qui aurait du être un joli mois de mai m'a projetée, sans me demander mon avis, dans un monde auquel je n'étais peut-être pas préparée, le monde des adultes.

Tu sais, ce monde là, où  tu devras te débrouiller toute seule et surtout te sentir toute seule, et pleurer en silence dans ton coin parce-qu'un adulte ne pleure pas n'importe où, c'est comme ça.

Comment as-tu pu t'en aller sans prévenir, sans même me lancer deux trois fusées de détresse.
Je n'ai même pas pu voir que tu allais mal, je n'ai pas pu prendre soin de toi.
Alors quoi faire face à ce vide que tu laisses un peu plus s'agrandir chaque jour dans ma cage thoracique.
Voir que moi je vais mal, prendre soin de moi, m'entourer des bonnes personnes et m'enivrer des mots d'enfants, des rires innocents de mon fils.
Tu sais, j'ai de la chance, tu dirais que je suis comme un chat, je retombe toujours sur mes pattes et tu n'aurais pas tort.
Encore heureux, tu es parti vite, impatient que tu étais, et surtout tu n'auras pas vu le reste et c'est tant mieux.
Et dans ma douleur, j'ai été portée à bout de bras, par tout un panel de femmes. Quelle chance.
Il est vrai que des femmes solidaires, il y en a des tas et c'est ce à quoi je me suis accrochée, plutôt qu'à celle qui aurait bien fait de ma vie un chaos total. Jamais je n'oublierai, ni l'une, ni les autres.
C'est une sorte de chaîne qui s'est organisée de part et d'autre tout autour de moi, pour m'aider à avancer, à ne surtout pas couler.

Elles sont mon amie, ma sage-femme, ma psychologue, ma copine, ma mère, ma tante, la marraine de mon fils, ma belle-sœur, ma collègue, ma principale.
Toutes ont su quoi dire à un moment ou à un autre. Toutes ont su m'accompagner dans mon chagrin, pour me permettre de l'accepter, de le dépasser et au final de grandir...
Grâce à toi, grâce à elle, j'ai appris que j'étais forte, et que je m'en sortirai vainqueur.
Dans quelques jours, je vais redonner la vie, et tu ne seras même pas là, je sais que les larmes couleront de bonheur et pas que, mais c'est comme ça.

Je voudrais revoir tes petits yeux bleus, et tes horribles chaussures turquoise, je voudrais entendre ta voix et te dire que tu m'énerves. et je voudrais voir à quel point tu es fier d'être à nouveau grand-père.
Alors tu sais ce qu'on va faire, on va imaginer que ça s'est passé, on va imaginer que tu étais là, pas loin à superviser tout ça. Et pendant tout ce temps, je serai portée et soutenue et poussée par toutes ces femmes...
Et à cause, ou grâce à toi,moi aussi je serai enfin une femme.