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dimanche 26 juin 2016

I'm a man now

"I'm a man now
Yes I've got iT!
I'm a man now
And there's nothing you can do
To make me change my mind
I'm a man now" Christine And The Queens

J'ai pas eu le choix, à vrai dire. Ces derniers mois, cette dernière année, à lever ma tête et surtout à la garder bien haute, ont fait de moi un homme.
Je le vois bien, je me rends bien à l'évidence, que je ne suis plus la même.
Je vois bien, que j'ai un rapport étrange aux autres.
Je vois bien que j'irais volontiers chercher la lune, pour ceux, celles que j'aime d'amour, pour toujours.
Mais pour les autres... Je le vois bien que je ne suis prête à aucune concession, que j'ai pas envie de m’embarrasser avec le moindre détail. Plus rien ne me touche, à part lui, encore parfois.
Je vois bien qu'aujourd'hui, je suis un homme.

Je suis partie, de ce lieu, trop grand pour moi. Ce lieu trop grand, trop mort, trop moi, trop nous, où souvent, j'avais la sensation, d'errer et de survivre plus que de vivre en réalité.
Je nous voyais, ce premier soir, regarder la télé allongés à même le sol.
Ce soir là, on s'était fait la promesse de vivre heureux ensemble, on en revenait pas d'avoir un chez nous à nous. On en revenait pas d'avoir tant bâti en si peu de temps, et pourtant.
Puis, souvent, je revoyais ces nuits sans sommeil et ces repas sans nourriture à faire semblant, à donner le change parce-que je devais avancer, parce-que j'étais pas seule dans l'histoire.
Bref, j'ai quitté ce lieu, qui me donne le vertige, chaque fois que je retourne y récupérer des affaires.

C'est drôle, j'ai l'impression d'être partie sur un coup de tête, comme ça, sans réfléchir.
Alors qu'en fait, ce projet a été préparé des mois durant, et qu'en vérité, j'étais terrassée par la peur de cette échéance.
J'ai reculé la date de mon emménagement comme pour reculer la date d'une irréversible séparation.
C'était une nouvelle étape de plus à franchir, on est d'accord et je l'ai franchi comme un homme.

Seulement, les premières nuits, j'ai pleuré, j'ai tellement pleuré. J'aurais du être la plus heureuse du monde, je sais. Tu dois te dire que je suis franchement pénible, que je ne sais pas ce que je veux, pas faux.
J'ai pleuré d'être seule, j'ai pleuré d'être déboussolée, et perdue et j'ai pleuré de n'avoir plus mon père pour tout diriger.
Pourtant, toute ma famille était là, mes amis, une fois de plus, tout s'est réalisé en douceur pour que je dépasse cette épreuve avec brio et grâce à beaucoup d'amour évidemment.
Mais moi, c'est mon père que je voulais à ce moment là. Comme pour me rappeler à ce moment qu'il allait falloir inspirer un grand coup, assumer et être adulte.
Ils ont fait de moi une adulte, ils ont fait de moi un homme.

J'ai appris à poser toutes les suspensions, j'ai bien failli m'électrocuter en posant ma plaque à induction.
Ah bon? Quand on fait de l'électricité, faut couper le courant? Tonton Patou me l'avait dit, je sais pas, j'ai oublié! ça m'est revenu lorsqu'au moment de brancher le dernier truc, ça a fait des étincelles, oh bordel!
En attendant, je te raconte pas le sentiment d'être arrivée dès que j'allumais la lumière après avoir effectué mes branchements. Je me sentais limite prête à conquérir le monde.
Pareil dès que j’eus terminé de monter des meubles, mais bon, ça, je savais déjà faire.
La semaine prochaine, je fais des trous dans le mur pour poser le miroir. J'en fais déjà des insomnies,
 laisse tomber; No way! La taille du foret, la longueur de la cheville, mortel le truc.
Ce que j'essaye de me dire, c'est qu'en fait, je n'ai pas besoin d'un mec. Parce-qu'ils ont fait de moi un homme, et pas que pour bricoler.
Et qu'aujourd'hui, je suis heureuse ou alors je le deviens, dans ma maison de Barbie.
Entrer dans un nouvel espace, c'est comme rencontrer une nouvelle personne.
Parfois, on croit que l'on ne va pas s'y habituer, qu'on ne l'aimera jamais comme la personne, l'espace d'avant.
Mais au final, n'est-ce pas simplement une question d'adaptation? On marche sur des oeufs, on avance à tâtons et puis l'on finit par s'apprivoiser tranquillement, doucement, mais sûrement.
On y trouve des tas d'avantages, en évitant de comparer ou d'être nostalgique, parce-qu'on se doit d'avancer.
Et aujourd'hui, je dois avouer que je commence à m'y plaire, je commence à m'y reconnaitre, à y apercevoir le type que je suis devenue.
Et j'ai tellement hâte de passer des soirées d'été avec mes amies, à siroter du Tariquet aux lumières de la guirlande que je vais pas tarder à poser, à respirer les effluves de menthe de mon jardin aromatique. Et de lancer à mes hôtes: "Mojito???"
J'ai tellement hâte qu'elles soient là, à s'extasier devant la moindre pièce, en prenant bien soin d'en faire des tonnes, comme pour me persuader que grâce à tout ça, je vais être heureuse maintenant, qu'après tout ça, j'ai le droit d'être heureuse maintenant.
Je dis ça en connaissance de cause puisque c'est exactement ce qu'ont fait Yannick et Nathalie lorsqu'ils sont venus. Et de constater qu'ils avaient l'air de se sentir bien chez-moi, m'a donné envie de me sentir bien aussi.

Et j'ai hâte d'entendre encore les éclats de rire de mes fils, qui jouent ou qui font trempette dans la micro piscine qu'on a achetée mercredi dernier.
J'ai hâte de passer d'autres soirées seules comme ce weekend à regarder des replay de Girls en buvant du gaspasho dans le bol horrible que Valérie m'avait ramené du ski. Ce bol est immonde, il est bleu turquoise avec un lapin qui skie et forcément il y a marqué Audrey en gros dessus en rouge. Mais, je
l'adore.

Et j'ai hâte de passer des soirées d'amoureux aussi. J'ai dit que je n'avais pas besoin d'un mec, mais si, en fait, j'en ai besoin d'un. J'en ai besoin d'un qui me rassure souvent, pour ne pas dire tout le temps.

Je vois bien que je ne serais prête à aucune concession. J'en ai trop fait, pour toute une vie, peut-être.
J'en ai besoin d'un qui me trouve sensationnelle mais un peu chiante, j'en ai besoin d'un qui m'encercle avec ses bras parce-qu'il a les épaules larges. Parce-qu'il a les épaules suffisamment larges pour être plus un homme que moi, et faire ressortir en moi tout ce qu'il y a de plus féminin.
Et on sait bien que la féminité ne se résume pas seulement à des cheveux longs, du rouge à lèvres et une paire de créoles. On sait bien que c'est tout un concept et que j'ai encore tant à apprendre là dessus.
Mais rassurez vous la hotline mise en place par mon amie julie et consœurs y travaille.
J'ai besoin d'un homme, qui serait bien plus fort que moi, et pas que physiquement. Et surtout j'aurais besoin qu'il ait des grands yeux marrons avec un peu de vert dedans dans lesquels je parviendrai à lire toute la vérité du monde. C'est tout ce que je demande.
Et si c'est pas celui là, je me résignerai à être cet homme.